Vancouver, la ville de l’autre bout du Canada, la west coast way of life, le Los Angeles canadien -n’ayons pas peur des mots.
Pour nous, elle a plutôt été une ville de transit, finalement. Nous l’avons visitée quelques jours, d’abord avec Matoche puis ma maman, mais surtout, ça a été notre point de chute entre ces deux visites, pour faire réparer le camion, se poser la question de la suite ...
Dur, par conséquent, de se faire une idée précise de cette ville, qu’on a juste effleurée. C’est pourquoi, une fois n’est pas coutume, je vous ai préparé une liste toute subjective de mes J’AIME/J’AIME PAS à Vancouver.
Vancouver, tu marques des points avec :
- ta situation géographique hors du commun. Vancouver est à la fois adossée aux montagnes et au bord de l’océan. Le combo ultime. Le paysage autour de la ville est saisissant. Vancouver est en fait nichée dans une baie, à l’abris du tumultueux océan Pacifique. Du centre ville, on voit les côtes verdoyantes qui avancent vers l’horizon, et tournant un peu le regard, les montagnes qui se dressent juste à coté.
D’ailleurs, l’emblématique station de ski Whistler n’est qu’à 1h et quelque de voiture. Tout comme le parc provincial Garibaldi, qui offre des paysages somptueux de lacs et de glaciers. Nous y avons passé quelques jours à notre retour de l’île de Vancouver et j’ai été époustouflée par les randonnées que l’on a faites, à la fois si accessibles et dépaysantes. Sans parler de la “Sea to sky Highway”, cette route entre Vancouver et Whistler en équilibre entre la montagne et le lagon émeraude, qui reste l’une des plus belles routes que l’on a eu la chance de parcourir. - Stanley Park. Un immense parc, en plein centre ville. Que dis-je, un parc. Une forêt! Des chemins qui serpentent dans une forêt de cèdres immenses, une piste cyclable de 10 kilomètres qui longe le parc, à fleur d’océan, et qui dévoile des vues spectaculaires sur les alentours et la skyline de Vancouver.
- tes plages. Il y a plein de petites plages à Vancouver. En plein centre ville, où les gens se rassemblent le soir venu pour regarder le coucher de soleil, dans le secteur résidentiel de Kitsilano, il y a même une plage nudiste! Nous avons d’ailleurs allègrement squatté une des plages de Kitsilano car nous pouvions garer Big Boy juste devant (disons que les panneaux pouvaient laisser penser que nous étions autoriser à le garer...), profiter des douches de la plage pour notre toilette quotidienne, et admirer le downtown de Vancouver qui s’illumine la nuit. Incontestablement un des meilleurs spots de notre voyage.
- ta vie culturelle. Nous n’avons pas vraiment eu le temps d’en profiter mais mon oeil d’experte m’indique que tu fais office d’exception dans l’ouest canadien.
- aussi curieux que cela puisse paraître, Richmond, ta banlieue chinoise. Nous avons passé du temps dans cette ville adossée à l’aéroport car c’est là qu’était notre garagiste. Et contre toute attente, alors que nous arpentions ces zones industrielles et commerciales sans charme pour tuer le temps, nous avons fait des rencontres et des découvertes surprenantes! Pour vous figurer un peu l’endroit, la communauté chinoise représente environ 20% de la population de Vancouver (agglomération). Et une grande majorité de cette communauté vit à Richmond. Ce qui, pour nous, donne des scènes exotiques et surréalistes. En témoigne ces centres commerciaux où tout, absolument tout est écrit en chinois, où les officines médicales vendent du ginseng et autres curiosités séchées, où tu peux trouver du durian, ce fruit asiatique qui sent extrêmement mauvais, où nous étions les seuls “pas chinois”, où tu peux bien manger pour pas cher, où une dame qui tenait un stand de nourriture a dû nous expliquer ce que nous commandions et nous a demandé si nous étions russes... Ou encore lorsque nous errions un matin dans un autre centre commercial, chinois évidemment, et que l’on s’est fait suivre à la trace par un vigile qui se demandait bien ce que deux personnes comme nous venaient faire ici. Finalement -la curiosité devenait sans doute trop forte- il nous a abordé pour s’excuser de nous suivre ainsi et nous demander ce que diable nous venions faire ici. Surréaliste mais drôlement sympathique!
- ta volonté de "ville verte", et les efforts mis en place pour devenir la ville la plus verte au monde d'ici 2020 (rien de moins!) : les pistes cyclables qui quadrillent la ville, les toits végétalisés, les jardins qui fleurissent ici ou là, les transports en commun,...
Mais évidemment, tout n’est pas rose. Voici, Vancouver, ce qui m’a déplu chez toi :
- tes riches. Sans déconner, pour avoir passé du temps à Kitsilano, quartier relativement huppé, j’ai été un peu désabusée par toute cette oppulence, ces maisons-palais, ces voitures-bijoux, ces joggers-haute-couture,... L’air est saturé de réussite financière et cela en devient quelque peu irrespirable. C’est sans doute différent en périphérie, comme toujours, mais jamais un centre ville ne m’avait donné une telle sensation de “m’as-tu-vu”.
Nous avons quand même été témoins d’une scène hallucinante alors que nous étions garés au bord de notre plage préférée, plus précisément sur des places de parking entre la plage, la route et les maisons de luxe. A quelques mètres de nous, un autre van s’était installé. Eh bien la propriétaire de la maison d’en face, estimant sans doute que la vue de ces va-nu-pieds était indigne de sa demeure, est sortie de chez elle en trombe, a garé ses deux voitures de part et d’autre du van, est repartie et a actionné les alarmes de ses bagnoles à distance, jusqu’à ce que le van capitule et s’en aille. Nous étions sur des places de parking publiques, à des heures décentes, dans des vans classiques. Rien de très extravagant. - le Downtown Eastside... soit l’exact opposé du point précédent. En plein centre ville, entre le quartier historique et Chinatown, une rue abrite tout ce qu’il y a de plus glauque et dérangeant dans la misère. C’est simple, tu marches dans une ruelle pavée, au milieu des touristes, avec ses p’tits resto chicos et ses boutiques tendances, tu traverses la rue, et là c’est le monde à l’envers, littéralement. Tu tombes nez à nez avec des gens qui se piquent, couchés sur les trottoirs, des femmes qui se prostituent, des dizaines d’itinérants partis trop loin dans la psychose et la drogue, le tout au milieu d’immeubles délabrés, exactement les mêmes que dans le bloc d’à côté, mais simplement laissés à l’abandon dans ce qui ressemble à une scène apocalyptique.
Et alors tu comprends que l’un ne va pas sans l’autre. Que le problème, finalement, ce n’est pas tant la richesse ou la pauvreté, mais la corrélation entre l’enrichissement des uns face à l’appauvrissement des autres. Je ne vais pas me lancer dans une théorie approximative des conséquences désastreuses du capitalisme mais j’en suis rapidement revenu au premier point, et à cette sensation nauséeuse face à l’indécente richesse.
Voilà pour nos premières impressions, ce qui nous a fait hésité à l'heure de trouver un point de chute pour l'hiver, et peut-être aussi, ce qui a fait qu'on a choisi de ne pas rester (en plus des loyers mirobolants!). J'invite en tout cas tout le monde à découvrir cette ville, si l'occasion se présente car elle est réellement unique en son genre.