Les USA, partie 1 : du Montana à Monument Valley

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La fin de la saison de ski approchant, nous avions des fourmis dans les pattes à l’idée de reprendre la route avec Big Boy. Nous nous sommes longuement posé la question de la destination (le Yukon nous tentait bien mais semblait un peu rude pour notre vieux) et notre choix s’est finalement porté sur les Etats-Unis. L’Utah m’attire depuis longtemps, et ça tombe bien, c’est pile dans l’axe de Golden, 1500km plus au sud !
Puis, de fil en aiguille, en contruisant notre périple, nous nous sommes pris à rêver d'une grande boucle, de descendre dans l’Utah puis de rejoindre la côte californienne et enfin remonter l’océan jusqu’en Colombie-Britannique. 10000 km, 8 Etats à traverser, du désert, des montagnes, des forêts, du Pacifique. Grand bien nous a pris de rêver : on l’a fait! et c’était grandiose.
3 arrêts chez le garagiste, des roches très rouges, des fougères très vertes, du sable très blanc et très noir, des petits animaux et des arbres géants, des lacs d’altitude et des cascades, on en a vu de toutes les couleurs.
Je n’ai trouvé meilleur format que celui de vous raconter, état par état, les paysages traversés et les principales expériences que l’on a vécues.


MONTANA

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Premier passage à la frontière avec Big Boy. Rien à signaler? Rien à signaler. La télé du poste douanier diffuse des épisodes de How I met your mother, les agents jouent les gros bras mais gentiment, avec un certain second degré.
Puis les kilomètres deviennent des miles, les mètres laissent la place aux pieds, les dollars canadiens aux dollars américains, nous obligeant à faire chauffer les neurones pour tout convertir.

Nous découvrons le Montana un soir de printemps, la lumière dorée chauffant les collines à l’herbe jaune, puis nous entrons dans la forêt, traversons des bourgs dont les galeries de bois donnent aux bâtiments des airs de western. Un orignal à l’orée du bois, des biches dans les champs, un lac par ci par là, l’ambiance est plutôt buccolique, et nous nous sentons un peu encore au Canada. Puis nous continuons notre route vers le sud. Le nord du Montana est un état agréable, bordé de montagnes, vallonné et changeant.

Le deuxième jour est nettement moins sympathique. En fin de journée, un de nos pneus éclate sur l’autoroute, nous nous garons en quatrième vitesse sur le bas côté et alors que l’on descend de voiture, l’adrénaline déjà bien boostée, un accident terrible se produit sur la voie d’en face. Une voiture mord la bordure et part en d’interminables tonneaux. Et je ne saurai dire si ce moment suspendu, où la voiture vole dans les airs, passe au ralenti ou en une fraction de secondes. Adrien court alors à la voiture tandis que je me précipite en amont faire signe aux voitures et camions de ralentir. Impossible d’appeler 911 car il n’y a aucun réseau. Finalement, d’autres voitures s’arrêtent et un paramédic se charge de prodiguer les premiers soins au petit monsieur, vivant mais bien abimé. Les secours arrivent finalement, nous appelons l’assistance routière qui vient nous changer la roue et repartons tout ébranlés passer la nuit à côté. Aucun de ces deux incidents n’est particulièrement agréable en soi, mais les deux réunis, au même moment, mettent un bon coup à notre moral et notre confiance. Alors que nous filons faire changer nos pneus le lendemain, la conduite est plutôt fébrile.


IDAHO

Nous quittons alors les collines arides du sud Montana et nous engageons dans l’Idaho, accueillis par d’immenses plaines vides laissant toute la place au ciel et au ballet des nuages, un peu comme en Saskatchewan (sauf qu’ici, les sulfateuses de pesticides fonctionnent à plein régime). Une nuit sur le parking du Walmart d’Idaho Falls et nous continuons vers le sud.


UTAH

A mesure que nous nous rapprochons de Salt Lake City, le paysage se vallonne à nouveau, puis les montagnes apparaissent au loin. Vient alors le moment tant redouté : la traversée de Salt Lake city en heure de pointe, par 30°C. Il faut savoir que SLC est une ville plutôt étroite et très étendue du nord au sud. Nous découvrons alors le bonheur des bouchons sur les autoroutes à 8 voies et les échangeurs aux 60 bifurcations. Vite, vite, nous montons nous réfugier dans un quartier résidentiel pour passer la fin de journée et s’extraire du tumulte autoroutier.

La deuxième journée en Utah est beaucoup agréable. Nous bifurquons au sud de Salt Lake City en direction de Arches National Park, et montons à travers un premier canyon. Le printemps éclatant, le canyon est parsemé d’arbustes, herbes folles et tuyas, offrant un contraste saisissant de vert et ocre. Passés ces montagnes, le grand plateau de l’Utah s’offre à nous, minéral et puissant.


Parc National des Arches

Nous arrivons près du parc national des Arches en fin de journée, assez tôt pour prendre quelques informations, se trouver un endroit où dormir et prendre une petite douche solaire sous les tuyas.
Le lendemain, levés 4h30, un café, et hop! Nous filons au parc, chevauchons nos vélos et partons à l’aube pour voir le lever de soleil. Car oui, nous nous sommes dotés de deux vélos accrochés à l’arrière de Big Boy! Manque de bol, le ciel est un peu couvert, et nous un poil trop tard à notre point de vue. Il faut dire que nous avions un peu sous-estimé le denivelé... enfin, les cartes de touristes n’indiquent pas le denivelé, nuance. Mais qu’importe, la quiétude et la fraîcheur matinales sont exquises. Et le spectacle de ces arches, tantôt massives, tantôt délicates est somptueux. Nous passons la matinée à arpenter le parc à vélo, jusqu’à ce qu’il fasse trop chaud (à 9h) et que nous options pour le stop, afin d’aller voir une dernière arche.

L’Utah et le nord de l’Arizona ont ceci d’incroyable, c’est que le paysage change radicalement en très peu de temps. Des hauts plateaux parsemés d’arbustes aux falaises rouges flamboyantes en passant par des oasis de verdure, les kilomètres se suivent mais ne se ressemblent pas.


ARIZONA – Monument Valley

Nous arrivons ainsi à la fameuse Monument Valley, décor par excellence des Western. Le parc est situé sur une réserve Navajo (ses colonnes ocres étant sacrées), et fait figure d’exception aux Etats-Unis, où l’immense majorité des terres a été confisquée à ses habitants originels. Une piste fait le tour des “monuments”. Pas particulièrement enthousiastes à l’idée de découvrir l’endroit derrière un volant, à la queue leu leu, nous choisissons de la faire à vélo, en partant bien tôt pour éviter la chaleur et les foules. Nous pouvons alors prendre le temps, nous arrêter quand bon nous semble, admirer la lumière sur les “mesas”, ces grands blocs qui se dressent, incongrues, sur ce plateau de roche, nous asseoir face au désert pour reprendre notre souffle, et c’est bien mieux comme ça. Autant vous dire que nous sommes les seuls, et que l’on nous prend un peu pour des extra-terrestres, qui nous saluant, qui nous filmant.

Un court arrêt à Page pour faire la vidange et faire changer notre adaptateur de frein arrière qui vient de nous lâcher et nous reprenons la route, sous la pluie cette fois, jusqu’à Kanab, dans l’ouest de l’Utah.


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