Notre première frontière à franchir est celle de l'Ontario. Quelques dizaines de kilomètres après Montréal, nous y voilà déjà, sous la chaleur écrasante de ce premier juillet, fête nationale du Canada (quel meilleur jour pour commencer ce road trip ? Toute est dans toute !).
Notre première arrêt : Ottawa, la capitale nationale. J'avoue que j'y vais un peu à reculons, on ne m'a jamais donné de bons avis sur cette ville, réputée pour être un peu ennuyante et essentiellement faite de bâtiments administratifs. Il faut dire que la météo n'aide pas vraiment : un ciel bas, orageux, et des températures qui avoisinent 40°C. Une visite à Rideau Hall nous permet de profiter de la fraîcheur du parc de la résidence de la Gouverneure du Canada (pour ceux qui se posent la question, c'est la personne qui représente la Reine au Canada, et dont le seul rôle concret c'est de s'assurer qu'il y ait un gouvernement exécutif en place (Justin Trudeau en l'occurence).
Une fois en centre ville, et bien... sommes le 2 juillet, c'est férié, donc hormis les touristes comme nous, il n'y a personne d'assez fous pour manger du bitume. Pas une ambiance de folie, donc. Autre bémol, le Parlement, pièce maitresse de la Ville est caché par une énorme scène, montée pour les concerts de la veille... Décidément, ce n'est pas notre jour !
Mais le vent tourne... Au sens propre. Alors que nous faisons un tour aux écluses, un énorme orage éclate. Un vent violent se lève tandis que les éclairs et la pluie sont de l'autre côté de la rivière (des Outaouais). Les bateaux qui attendent pour descendre le canal se retrouvent à lutter pour ne pas être projetés contre les parois, les deux kayakistes sont en mauvaise posture, et nos éclusiers courent dans tous les sens, montant et descendant l'écluse sans trop savoir que faire. Nous rentrons au pas de course sous une pluie diluvienne mais salutaire, en riant comme des ânes, trempés mais heureux !
Finalement, je m'attendais à une ville morne mais ça m'a semblé plutôt intense comme ville, Ottawa !
L'aventure commence alors pour de vrai, puisque nous prenons la route en direction de la Baie Géorgienne, en bordure du lac Huron. Nous coupons alors à travers l'Ontario, par de petites routes. Dèjà, nous avons l'impression d'être un peu perdus au milieu de ce grand pays, à rouler entre des forêts denses, à longer des rivières interminables, à passer des collines et ne voir que d'autres collines à l'horizon. Nous mettons deux jours à rejoindre la Baie Géorgienne mais cela passe vite tant la route est belle, avec ces forêts de feuillus d'un vert éclatant, ces prés rocailleux, tantôt brumeux, tantôt baignés par la lumière éclatante.
La Baie Géorgienne nous surprend par sa douceur; une ambiance de bord de mer se dégage des villages côtiers, certainement due au fait que de nombreux ontariens viennent y passer leurs vacances. Les rochers nus affleurent le lac, et nous nous baignons dès que l'occasion se présente. Nous passons une journée au Parc National de la Baie Géorgienne, sur l'une des îles de cet immense archipel (le plus grand archipel d'eau douce du MONDE). Vélo, marche, baignade, un bon cocktail pour commencer à se sentir en vacances.
Mais nous devons déjà repartir, et entreprenons de longer le lac Huron et le lac supérieur, chemin le plus court pour rejoindre le Manitoba. Et c'est une belle surprise. Passés le lac Huron, à partir de Sault Sainte Marie, la route est une succession de plateaux de sapins et de lacs et de vues éblouissantes sur le lac Supérieur. Il y a en tout et pour tout 2 bleds en 300 km, ce qui en fait une région beaucoup plus sauvage que le lac Huron, et plus nordique aussi, dans sa végétation. Nous passons d'ailleurs une soirée magique sur un spot au bord du lac, tout seuls, avec le coucher de soleil pour nous.
Arrivés à Thunder Bay, nous devons malheureusement renoncer à la visite du parc de Sleeping Giant car Big Boy a moins apprécié que nous la route et nous fait des misères. On l'emmène donc chez le garagiste premier garagiste que l'on trouve ouvert un samedi et qui semble tout droit sorti d'un film, genre vieux garage sur le bord de la route, avec celui qui bosse et l'acolyte à côté qui le regarde faire et commente les moindres faits et gestes.
Nous reprenons ensuite la route, les lacs dans le dos, et le Manitoba au loin, et toujours Big Boy qui broute (pas très concluant finalement, ce garagiste !). Nous traversons des paysages à la fois austères et foisonnants, des toundras avec leurs sapins décharnés mais d'inombrables lacs qui font pousser des joncs verts et drus aux pieds de ceux ci... On s'enfonce définitivement dans le Canada profond, impatients de voir ce que le Manitoba nous réserve !