Arrivée à Winnipeg un dimanche...
Décidément, nous et les villes ça fait trois !
Nous marchons un peu dans le Exchange disctrict, avec ses façades en brique de la fin du XIXème siècle et nous asseyons en terrasse pour penser à la suite.
Big Boy continue de brouter dès que nous atteignons les 80 km/h. 1, ce n'est pas très bon signe. 2, à ce rythme, la traversée s'annonce très longue.
Nous décidons donc de trouver un garagiste pour le lendemain et de prolonger notre visite à Winnipeg d'une journée.
Nous terminons la journée dans le quartier de la Fourche, au bord de la rivière. C'est finalement ici que s'était regroupée la population de Winnipeg. Dans cet ancien terminal ferroviaire réhabilité en énorme zone de restaurants et de commerces. L'ambiance est plaisante, un groupe joue de la salsa sous un kiosque, les vieux dansent avec les jeunes, les enfants courent, les ados draguent. Sympathique mais quelque chose nous chiffonne... Quelque chose a changé entre l'Ontario et le Manitoba et l'on ne saurait tout à fait le définir. Déjà, ce centre commercial dans ces bâtiments historiques... Bon. Mais les gens... si aimables en Ontario (ça nous a vraiment surpris cette jovialité, les mots aimables, à la station essence, dans les commerces, dans la rue) et si différents ici. Pour la première fois, on nous fait des queues de poissons et même un doigt d'honneur en voiture!... (c'est hyper violent, ok!?). C'est comme si les gros pick-up devenaient subitement disproportionnés et tape-à-l'oeil, comme si l'Amérique du Nord dans ce qu'elle a de moins bon avait fait irruption dans les plaines du Manitoba.
Le lendemain, nous trouvons finalement un garagiste, après avoir été deux fois redirigés. Miracle, ils parlent français (il y a une grosse communauté francophone dans le Manitoba et Winnipeg a même une université francophone). Verdict : problème d'essence, il faut changer la pompe et le filtre.
On profite de cette journée off pour visiter le musée canadien des droits de l'homme. Un énorme bâtiment à l'architecture minérale qui abrite une collection impressionnante dédiée à l'histoire des différents combats pour les droits humains, des femmes aux autochtones du Canada, du Mexique et d'ailleurs, en passant par les homosexuels, les noirs en Amérique, en Afrique du Sud, etc. C'est passionnant, et même si l'on n'aborde pas tous les conflits dans leur complexité, ils ne tournent pas non plus autour du pot à l'heure de désigner les coupables. Le seul point négatif: c'est malheureusement trop long (à croire que les droits humains sont beaucoup bafoués sur notre terre...), du coup après 3h30 de visite, on sature un peu et on passe vite.
Nous quittons sans regret Winnipeg qui ne nous a pas conquis, direction le Riding Mountain National Park, qui doit son nom aux commerçants de fourrure qui, alors qu'ils redescendaient de la Baie d'Hudson, troquaient les canots contre les chevaux pour poursuivre leur route.
Ce parc est surtout connu pour son enclos à bisons, où un troupeau sauvage mène sa vie, et que l'on peut traverser en voiture. Après une balade, un tour en canot, une baignade, une douche en douce au camping, nous partons, au soleil couchant, voir les bisons.
La piste de 40km qui y mène n'est pas en très bon état (euphémisme) et l'ambiance se crispe un peu dans le camion qui vibre dans tous les sens. Mais l'arrivée dans l'enclos nous fait oublier le reste : un jeune orignal déguerpit non loin de nous, nous faisons un premier tour, pas de bison, un deuxième tour et ils sont là, sortis de la fraîcheur des bois pour paître dans la prairie. Les mères, leur petit, et les PAPAS BISONS. Nous restons longtemps à les observer, à quelques dizaines de mètres, un peu intimidés par des colosses à la crinière brune.
Le chemin du retour ressemble à l'aller : de la piste à n'en plus finir avec le soir qui tombe et l'orage aussi. On se trouve vite un coin où passer la nuit.
Et le lendemain, nous cloturons cette aventure manitobaine en passant une nouvelle frontière : la Saskatchewan... Un nom qui pétille en bouche pour une province bien mystérieuse !