Un petit tour du Saint-Laurent

Vendredi 15 juin 2018. C'est la fin de l'aventure montréalaise. C'est notre dernier jour de travail et bientôt nous laisserons définitivement Montréal derrière nous. Je quitte mon travail et les belles personnes que j'y ai rencontrées le coeur lourd, en luttant un peu pour regarder vers l'avant, même si tout ce qui nous attend est assez flou. Mais pas l'temps d'chialer, un pré-road trip nous attend.

Nous partons avec Chloé et Julien faire la petite boucle du Saint-Laurant. Au programme : Québec, parc national du Bic, traversée vers Tadoussac et fjord du Saguenay. tout cela en 8 jours, ça va nous permettre de tester notre Big Boy et de découvrir un peu mieux le Québec avant de partir.

Nous partons donc le dimanche matin, avec une première petite frayeur puisque Big Boy nous refait le coup de la panne de batterie. Mais maintenant on a compris le truc, on lève le capot, on trifouille le cable et paf, c'est reparti. Oui, on compte faire ça jusqu'à ce que ça ne fonctionne plus et on avisera ensuite).

Nous visitons Québec un peu rapidement, en se contentant du classique combo chateau frontenac et quartier Champlain. Mais c'est quand même chouette de pouvoir montrer cela à Chloé, qui est la seule à n'être jamais venue. Nous reprenons la route sur la côte basse du Saint Laurent, en direction du Bic, pour se trouver un endroit pour dormir. Nous trouvons notre bonheur grâce à une application fabuleuse que tous les road trippeurs devraient connaître (cet article n'est PAS sponsorisé) : ioverlander. Les utilisateurs peuvent géolocaliser les endroits de camping sauvage et indiquent un maximum de caractéristiques (est ce qu'il y a un point d'eau, des toilettes, de la place pour ne tente, etc), ils peuvent mettre des commentaires, des photos). C'est gratuit, ultra simple d'utilisation, et ça permet de trouver de véritables endroits de paradis (ou au moins de t'éviter de tourner en rond 30 minutes le soir, quand ça fait 5h que tu roules , que tout le monde a faim et que l'ambiance commence à se dégrader tranquillement...).

Nous passons donc notre première nuit dans une charmante halte municipale, sans personne (hormis les voisins vigilants qui passent en voiture). Nous repartons le lendemain, sous la pluie et arrivons au Bic. Une petite promenade dans la baie des Ha Ha! nous fait entrevoir, le temps que le brouillard se dissipe, la beauté de ces collines qui plongent dans la mer. La randonnée du lendemain nous le confirme, nous entreprenons le tour du parc, accessible uniquement à marée basse. Nous crapahutons dans les rochers, longeons les côtes de pins, d'épinettes et de roches, et apercevons même quelques phoques qui nagent près du rivage. Le cadre serait idyllique si nous ne passions pas la dernière partie dans la forêt à marcher au pas de course pour éviter d'être assaillis de moustiques. Julien est un bon antimoustique mais bizarrement, il n'a pas l'air d'apprécier le rôle que la nature lui a conféré. On nous avait prévenu mais c'est quelque chose : les mouches noires qui partent avec un bout de chair, les maragoins qui te sucent le sang, ça gâche un peu le plaisir.
L'horaire du traversier nous empêche de prolonger notre séjour au Bic et nous prenons le bateau direction la côte nord du Saint-Laurent. Le paysage change radicalement, les forêts de feuillus et de pins font place aux épinettes et aux rochers nus qui plongent dans le fleuve, directement à 400 mètres de profondeur. Et c'est une bonne chose, car c'est la condition sine qua non pour observer petits rorquals (=petites baleines de 9m seulement) et bélugas, tout ça du bord de mer. Nous ne boudons pas notre plaisir et restons là à observer longuement un groupe de bélugas et un rorqual se nourrir à quelques centaines de mètres de nous.

Nous passons ensuite la nuit au sommet des dunes de Tadoussac, un endroit magique (merci ioverlander!), où une immense dune se jette dans le fleuve. Quelques voitures et tentes sont là mais nous avons l'impression d'être des privilégiés, à regarder les lumières du soir changer, au sommet de notre montagne de sable. Une nuit et deux vaisselles dans le Saint-Laurent plus tard (aïe, ça pique les pieds de faire la vaisselle dans une eau à 4°C), nous reprenons la route et remontons le fjord su Saguenay par la rive sud pour arriver à l'Anse Saint Jean. C'est ici que mon cousin Thomas a élu domicile, comme guide kayakiste (chez Fjord en kayak, by the way, que nous vous recommandons chaudement si l'occasion se présente!). Nous arrivons en fin de journée et ô bonheur, nous avons le droit à une sortie privée en kayak, sur le fjord, pour voir le soleil se coucher. Croyez moi, la sérénité qui émane de ce moment, le silence, l'odeur des épinettes quand on s'approche des berges, ces montagnes qui montent droit devant nous, la noirceur des eaux, la flamboyance du ciel, les anecdotes que nous livre Thomas en bon guide; tout cela arrête un peu le temps. Après une bonne bière pour prolonger l'instant, nous nous couchons, reconnaissants de ce moment magique.

Et nous voilà repartis ! Nous passons une journée au parc national du fjord du Saguenay pour randonner un peu et profiter encore de ce fjord unique au monde. Nous apercevons furtivement un ourson mais vu qu'on ne sait pas trop où qu'elle est la maman et qu'on n'a pas trop envie de la surprendre, on trace ! Les vues sur le fjord sont grandioses et la rando est un plaisir (sauf la partie bien raide pour notre Chloé enceinte qu'on ne ménage pas beaucoup). Le retour sur Montréal se fait tranquillement, en deux jours, pour ménager un peu nos carcasses (celle de Big Boy comprise), prendre le temps de bruncher dans un diner bien typique de l'arrière pays, et prolonger notre voyage à quatre...

Même si tout cela n'est qu'un échantillon du Québec et de ses merveilles (la Gaspésie, mon grand regret), nous sommes heureux d'avoir eu l'occasion d'arpenter ces routes, de découvrir ces lieux. Pas de meilleur endroit pour prendre en main notre Big Boy (qui s'est battu vaillament dans les côtes du Saguenay) et partager ces découvertes avec Chloé et Julien...